La notion de compétence en lycée professionnel
Remarque : Qu'est-ce qu'une compétence ?
Il est une étape importante et incontournable à tout travail pédagogique : définir les notions abordée.
Ainsi nous allons tenter de donner une définition du terme compétence
. En réalité nous allons plutôt choisir une définition que nous hausserons au rang de définition de référence
dans le cadre de cet article.
Définition :
Il existe des tas de définitions différentes du mot compétence
dans les écrits, y compris au sein même des publications de l'Éducation Nationale française.
On trouve parfois le terme compétence
assimilé aux capacités
.
Nous allons choisir d'intégrer les capacités et les savoirs aux compétences ce qui correspond à la définition la plus rencontrée actuellement. C'est également celle utilisée au niveau de l'enseignement des langues vivantes au niveau européen (pour l'établissement des niveaux A1, A2, B1, B2, C1, C2).
Ainsi : une compétence
c'est des capacités
, attitudes
, connaissances
et méthodologies
mis en dynamique
Sur le schéma nous avons choisi de faire figurer également les anciennes dénominations (savoirs
, savoir-faire
, savoir-être
) pour mieux se repérer dans le cas où vous trouveriez des documents utilisant encore ce vocabulaire.
Exemple : Une compétence en PSE
Méthode : Comment évaluer une compétence ?
Pour cet exemple simple, nous allons choisir une compétence légèrement caricaturée (mais pas tant que cela finalement).
Imaginons ainsi que nous devions former et évaluer un apprenant sur la compétence faire un café
(et n'allez pas croire que cet exemple vient du fait que je rédige ces lignes au saut du lit).
Notre compétence pourrait se découper ainsi :
des
capacités
: placer le filtre, doser le café en poudre, remplir la machine de la quantité suffisante d'eau, brancher et allumer la machinedes
méthodologies
: appliquer les règles d'hygiène alimentaire, s'organiser dans le temps et l'espacedes
attitudes
: relation avec le client, proposition d'un menu petit-déjeunerdes
connaissances
: connaître les doses de café en poudre par tasse, connaître le matériel nécessaire (machine à café, tasses, soucoupes, cuillères, torchon), connaître les risques (électrique, brûlure thermique)
Lorsqu'on parcoure les différents éléments de notre compétence on se rend tout de suite compte que cela ne suffit pas à évaluer notre apprenant. En effet, pouvons-nous valider la compétence si notre apprenant est dans l'incapacité de nous décrire le risque électrique même simplement ?
Il va donc nous falloir fixer des limites d'exigences
pour chacune des parties de cette compétence. Ainsi, on pourrait imaginer que si l'apprenant ne sait pas que le courant est une circulation d'électrons mais qu'il nous explique que l'on risque un choc ou une brûlure électrique (électrisation voire électrocution) il aura dépassé la limite d'exigence pour cette partie.
Imaginons ensuite l'évaluation des capacités. Si notre limite d'exigence est d'avoir un café, si l'apprenant a bien mis le café dans le filtre et qu'il a bien allumé la machine mais qu'il a oublié l'eau alors il aura réalisé avec brio 3 des 4 capacités mais n'aura pas atteint la limite d'exigence qui est d'avoir un café (café liquide dans une tasse, il va sans dire).
Cet exemple concernant les capacités est significatif. Si on avait dû mettre une note on aurais mis 3/4 ou 15/20 pour cette partie. Or une compétence c'est du binaire : on l'a ou on ne l'a pas. Il n'y a pas de moyenne de 10/20 possible avec l'évaluation par les compétences. On soulignera ici la mauvaise habitude du professeur qui ne souhaite pas se décider et qui cochera entre les deux colonnes de la grille de validation. D'aucun appelleront cela l'évaluation de normand (p'têt bin qu'oui, p'têt bin qu'non). Certains pousseront même le vice jusqu'à recréer une grille avec une troisième colonne pour pouvoir y placer leur coche d'indécis.
Bon, arrêtons-là de nous moquer de nous même car on a tous été confrontés à cette situation qui est de ne pas réussir à évaluer un apprenant. Mais il faut arriver à tout faire pour ne pas provoquer nous-même une absence d'évaluation en proposant une note moyenne sur une compétence.
Est-ce à dire que nous n'allons pas valider notre élève sur cette compétence alors qu'il avait tout réussi (connaissances, attitudes, méthodologies) sauf mettre de l'eau dans la cafetière ?
C'est là qu'intervient le jugement bienveillant de l'enseignant (on admettra qu'il n'est pas pas aussi rigide qu'un radar automatique) qui va amener l'apprenant à s'auto-évaluer pour se corriger. Si la correction de l'élève est satisfaisante la compétence pourra alors être validée. Il en va ici du professionnalisme de l'enseignant qui adaptera forcément son jugement en fonction de la situation et toujours au bénéfice de l'élève (c'est à dire que l'enseignant doit prendre conscience de la complexité de la consigne et réévaluer sa notation s'il se rend compte que la consigne était mal formulée ou difficilement réalisable en l'état).
Et si l'élève n'obtient pas sa compétence ? Et bien ça arrive, il faut que l'élève poursuive sa formation et qu'il se présente de nouveau à cette évaluation après avoir pu bénéficier de l'assistance de ses camarades et de ses enseignants. Généralement la compétence est acquise à force d'entraînement et rares sont les apprenants qui n'obtiennent pas une compétence à leur niveau.
Et qu'en est-il du niveau de la maîtrise de la langue française par exemple ?
On notera que nos critères de notation ne prennent pas ici en compte le niveau de français (ou de mathématiques…). Il est bon de rappeler que construire une phrase correcte (sujet + verbe + complément) relève d'une compétence à part entière et qu'il ne s'agit nullement de l'évaluer dans le cadre de la compétence faire un café
. Évidemment, il faudra que l'élève se fasse comprendre mais il est hors de question de bloquer l'acquisition de la compétence faire un café
à un élève dont la langue maternelle ne serait pas le français par exemple.
Ainsi, la majoration ou l'abaissement d'une note en fonction de l'orthographe utilisée dans une copie n'est pas concevable à moins que cette dernière ne fasse partie des compétences à évaluer dans le cadre de l'enseignement dispensé.
Ces restrictions au niveau de l'évaluation n'empêchent pas d'intégrer des apprentissages de compétences linguistiques au titre de bonnes pratiques
rédactionnelles tout au long des enseignements professionnels.